Chacune de mes œuvres s’amorce à partir d’esquisses et de photographies d’une collection de vertèbres trouvées sur des plages du monde entier. Les os sont représentés de façon figurative, créant des scènes qui s’articulent autour d’un moment précis ou produisent une vive impression.
Transformés et exprimés en une forme abstraite, les os revêtent de nouveaux traits évoquant des figures biomorphiques. Les œuvres révèlent entre autres la relation entre les formes, les ombres et le sol, non pas pour opposer ces concepts, mais bien pour souligner leur éternelle symbiose.
Les motifs s’inspirent tous de dessins anciens de l’époque victorienne, au 19e siècle, qui eux-mêmes puisent fortement dans l’art et l’esthétique de l’Inde. Leur inclusion vise en partie à rendre hommage aux traditions artisanales qui se perpétuent dans ma famille depuis des générations, comme la gravure, la sculpture et l’art textile.
L’emploi de motifs dans ce contexte est aussi guidé par mon séjour de 10 ans au Moyen-Orient, où des motifs décoratifs ornent la plupart des œuvres culturelles, comme le veulent les traditions et la religion.
Les couleurs très brillantes et un contenu graphique percutant sont des éléments centraux de mes réalisations. Ils reflètent ma relation étroite à la culture populaire, notamment l’animation et le graffiti.
Bousculant les conventions en la matière, j’ai incliné les surfaces horizontales vers le plan pictorial. Ainsi, la profondeur est à la fois affirmée et rejetée.
Par ailleurs, les grands pans de couleur et les motifs de surface contribuent à l’aplanissement de l’image. Puisqu’ils se disputent la dominance visuelle, ces éléments chambardent de surcroît l’idée des compositions habituelles, souvent dominées par un seul sujet.
Les frontières entre les beaux-arts, l’artisanat et la culture populaire se brouillent au sein de mes œuvres. Aux couleurs éclatantes et techniques de surcontour empruntées au graffiti et à l’animation viennent se mêler des références aux grands mouvements de la peinture occidentale, dont le baroque, le cubisme et l’expressionnisme.
La présence de la seconde toile décorative rappelle un cadre, une embrasure de porte ou un autre objet domestique. Quand le témoin se plonge dans l’intimité des vignettes, il subit un processus d’intériorisation par ce prélude qui se veut à la fois une observation de l’œuvre, une pause visuelle et un moment de contemplation.
Bref, mes œuvres explorent le dialogue qui unit le sujet (les formes figuratives entrelacées de motifs) et les moyens d’expression (le langage de la peinture), entraînant une oscillation à vocation empirique et intellectuelle.